Lettre à M. N. (entre 1953 et 1955)
J’ai eu l’idée des " Trois figures " quelques jours
après avoir piloté des amis au Musée de
Fontainebleau. Le point de départ fut donné à mon
inconscient par le salon de jeux (je cherche toujours à
comprendre après coup à comprendre le sujet de mes
gribouillis inconscients). Dans ce salon se trouvent plusieurs chaises
appelées " voyeuses " que le dictionnaire d’Art et
Archéologie de Louis REAN définit comme suit " chaise
à accoudoir sur laquelle on s’asseyait à
califourchon en appuyant les bras sur le dossier bas rembourré
à sa partie supérieure ". Ce genre de siège
était destiné aux personnages qui regardaient jouer.
Entre les jambes du personnage central chevauchant la voyeuse se trouve
inséré (toujours le puzzle) la table à jeux avec
quelques cartes retournées dont une suite (le six de cœur)
est à l’endroit. A droite et à gauche, deux
personnages féminins épousent les contours de
l’homme qui tient dans sa main une ceinture (il a dû se
mettre à son aise) rappelant un serpent ou un cordon,
c’est l’équivalent du ruban blanc dans le " Ruban
bouillonné ". Dans plusieurs de mes toiles, il y a des cordons
ou des rubans (fixation de l’enfant à sa mère par
le cordon ombilical, un cordon sectionné doit signifier rupture
avec le milieu familial). Je m’excuse Monsieur, bien que je ne
vous connaisse pas, de m’expliquer aussi totalement, mais je
crois que je vous le devais.