L'art de REGNER, secret, inclassable, peut dérouter le spectateur, ses monstres,
l'inquiéter, mais il peut être rassuré par le
charme de douces figures féminines qui passent, çà
et là, et par la beauté sensuelle de l'objet-peinture,
facture et couleur. Comme dans la cuisine chinoise, il allie l'aigre et
le doux, l'amer et le sucré pour réaliser
l'équilibre d'un mets savoureux. Ses monstres, il les
découvre, il en est l'inventeur, démêlés des
fils de toutes les données de l'inconscient.
De tous temps, l'art a créé des monstres pour exprimer la
complexité de notre personne. Jupiter est tour à tour,
taureau, cygne, aigle, et, le Minotaure, homme-taureau, dont
Thésée découvre que celui qu'il combat est la
partie obscure et bestiale de lui-même. John-Capar LAVATER
(1741-1801) s'était intéressé à ce
problème (Essays on physiognomony). Dans les planches
gravées n°100, volume n°2, il compare le visage d'un
homme à celui d'un bœuf. Lequel est l'homme?, lequel est
le bœuf?, l'un et l'autre sans doute.