Ce
défrichage de l'inconscient, ce rigoureux et impitoyable regard
sur nous-même posait inévitablement le problème du
sacré. Le sacré chez REGNER, apparaît comme une
méditation sur la mort: "Piéta selon Saint Jean", Les trois "Mise au tombeau".
Cependant, les soins attentifs dont le corps précieux fait
l'objet, les gestes doux et enveloppants laissent aussi supposer le
futur immédiat d'une résurrection glorieuse. Nous sommes
ici loin de la marmite bouillonnante de notre inconscient; nous nous
sentons transportés dans un univers de calme et de paix
profonde. Les couleurs grinçantes de notre enfer s'effacent
devant le lent déploiement des bruns graves qui flamboient par
endroits. On pense à la poignante tristesse d'Albinoni mais
aussi à sa confiante espérance. "La Piéta", les
trois "Mises au tombeau"
et "La Dormition de la Vierge" apparaissent comme des œuvres
majeures de l'Art sacré contemporain. On peut y rattacher
"L'homme mort" où, au-delà de la terrible
évidence, quelque entité semble s'échapper dans le
lacis des lignes. "L'ange du Seigneur" et "Trois mystères en un" quittent ce registre austère et se bercent de juvénile douceur.