REGNER a laissé une œuvre gravée
importante qui reprend les thèmes de la plupart de ses peintures
mais aborde aussi d'autres thèmes n'ayant pas fait l'objet de
peintures. Le lacis du dessin automatique, souples ondulations ou lasso
impitoyable, crée chez le spectateur qui le fixe, une sorte
d'hypnose qui le rend plus disponible pour participer à
l'œuvre; dans les peintures, il joue avec l'opulence des formes
et des couleurs, mais, dans les gravures, il nous livre l'artiste
à vif. Maelstroëm vertigineux, il nous entraîne dans
un univers d'abord aléatoire mais où, tout à coup,
s'affirme la forme et l'impérieuse nécessité de
l'évidence. Ici, chaque planche porte, en âpre empreinte,
le sillon de la pointe ou du burin dont l'artiste laboure durement le
métal. Ce dernier, soigneusement essayé en surface,
refuse tout effet facile d'encrage ou de "voile". Art nu. Le
mystère en pleine lumière. Mais, dès qu'un
mystère est dévoilé, peu le perçoivent et,
c'est, encore là, le travail des petits monstres…. Ainsi
apparaît l'œuvre de REGNER, mystérieuse,
méditative et profonde, curieuse et indiscrète,
carnavalesque et cocasse, mais toujours dans une magnifique ampleur.
Henry LHOTELLIER
Extrait de l'article paru dans la revue BONONIA, n°18 du 1er semestre 1991,
revue de l'Association des Amis du Musée de Boulogne-sur-Mer.